VIOLENCES CONJUGALES
Violences dans les couples lesbiens, bi, pan et co
Les chiffres concernant les violences dans les couples LGBTQIA+ sont encore trop peu visibles, mais contrairement aux idées reçues, les FSF ne sont pas moins exposées aux violences conjugales que dans les couples hétérosexuels.
Il est essentiel de déconstruire deux stéréotypes tenaces à propos des couples lesbiens : l’idée selon laquelle les femmes seraient naturellement non violentes, et celle qui voudrait que les relations entre femmes soient automatiquement égalitaires.
Par ailleurs, les personnes victimes de violences au sein de la communauté LGBTQIA+ font souvent face à des vulnérabilités supplémentaires : isolement social ou familial, peur de ne pas être prises au sérieux, crainte de discriminations et/ou d’outing ou d’une récupération politique¹.
Violences conjugales et intrafamiliales
La loi belge qualifie les violences au sein d’un couple comme telles : « les violences dans les relations intimes sont un ensemble de comportements, d’actes, d’attitudes, de l’un des partenaires ou ex-partenaires qui visent à contrôler et dominer l’autre. »
Elles comprennent les agressions, les menaces ou les contraintes verbales, physiques, sexuelles, économiques, répétées ou amenées à se répéter portant atteinte à l’intégrité de l’autre et même à son intégration socio-professionnelle. Ces violences affectent non seulement la victime, mais également les autres membres de la famille, parmi lesquels les enfants. Elles constituent une forme de violence intrafamiliale.
La violence intrafamiliale se définit comme : Toute forme de violence physique, sexuelle, psychique ou économique entre membres d’une même famille, quel que soit leur âge².
Ces violences sont donc punissables par la loi, qui dispose d’un arsenal législatif important visant à lutter contre ce phénomène.
Les différentes formes de violences
LA VIOLENCE ADMINISTRATIVE
La violence administrative est exercée au moyen de confiscation de documents (carte nationale d’identité, passeport, livret de famille, carnet de santé, permis de conduire, bulletins de salaire, diplôme, …).
LA VIOLENCE PHYSIQUE
La violence physique est utilisée pour contrôler et dominer l’autre et regroupe les “bousculades, les coups avec ou sans objet, étranglement, brûlures, séquestrations, …”.
Sa forme la plus extrême et la plus destructrice étant le meurtre ou le suicide.
LA CYBERVIOLENCE
La cyberviolence regroupe des comportements comme la cyberintimidation, le cyberharcèlement, la géolocalisation, le revenge porn, la cybersurveillance de l’espace numérique de l’autrui, etc.
LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE
La violence psychologique regroupe diverses attitudes adoptées par la personne violente:
humiliation, dévalorisation, propos méprisants, chantage affectif, ne plus adresser la parole, les menaces de suicide ou de meurtre, le contrôle des fréquentations et des communications, etc.
La violence psychologique est pernicieuse et participe à réduire l’estime de la personne qui en est victime.
LA VIOLENCE VERBALE
La violence verbale passe souvent inaperçue pour la victime et l’entourage car elle ne laisse pas de trace physique.
Néanmoins, elle laisse des traces psychologiques en instaurant un climat de peur et d’insécurité au sein du couple.
La violence verbale regroupe les cris, hurlements, insultes, menaces et/ou intimidations.
LA VIOLENCE SEXUELLE
La violence sexuelle consiste à obliger une personne à subir, à accomplir ou à être confrontée à des actes d’ordre sexuel sans son libre consentement.
Elle comprend donc les agressions sexuelles ou viols, le refus ou l’imposition d’une contraception et/ ou l’imposition de pratiques sexuelles non consenties.
Contrairement à une idée reçue, il n’existe pas de devoir conjugal. Le viol conjugal sera souvent associé au fait de “violence conjugale”.
LA VIOLENCE ÉCONOMIQUE
La violence économique consiste à priver la victime de ses ressources financières par différents moyens comme le contrôle des dépenses, le contrôle et la confiscation des moyens de paiements, l’interdiction de travailler.
Cela entrave gravement l’autonomie de la personne qui en est victime. Notamment si / lorsqu’elle souhaite quitter son ou sa partenaire.
Le cycle de la violence des relations amoureuses
Le modèle du cycle de la violence conjugale³ a été théorisé par Leonor Walker. Malgré les histoires personnelles, il permet de mettre en lumière les processus communs et répétitifs au sein de relations violentes.
Il s’articule autour de quatre phases qui s’enchaînent et se répètent au fil du temps : la montée de la tension, l’explosion, la justification et la phase de rémission ou lune de miel.

Phase de tension (climat oppressant)
Du côté de l’agresseur·euse, la tension s’exprime par des silences hostiles, des regards menaçants, une irritabilité croissante et des critiques constantes. La victime, elle, sent cette atmosphère électrique et tente de l’apaiser, en s’effaçant, se remettant en question ou se soumettant pour éviter le conflit.
Phase de justification
L’agresseur.euse minimise ses actes, rejette la faute sur l’autre (« c’est toi qui… ») ou invoque des causes extérieures (stress, travail, alcool, famille). La victime commence à douter d’elle-même, culpabilise, se sent responsable de ce qui lui arrive et se convainc qu’en changeant elle mettra fin à la violence.
Phase d’explosion (crise violente)
L’agresseur·euse passe à l’acte en utilisant la violence sous ses différentes formes : verbale, psychologique, physique, sexuelle ou économique. Ce passage à l’acte n’est pas une perte de contrôle, mais une stratégie pour rétablir le pouvoir de domination. La victime vit alors peur, humiliation et désespoir.
Phase de lune de miel (réconciliation)
Elle correspond à une phase de stabilité durant laquelle l’agresseur.euse devient conciliant : excuses, promesses, cadeaux, démonstration d’affection. La victime retrouve temporairement espoir, pardonne et espère que « cette fois, tout ira bien ». Progressivement, cependant, cette phase se réduit ou disparaît au fil des cycles en ne laissant place qu’aux phases plus violentes.
Au fil des répétitions, le cycle s’accélère : la tension monte plus vite, l’explosion survient plus fréquemment, et la phase de rémission raccourcit ou disparaît. Ce modèle explique comment la domination s’installe graduellement et pourquoi la victime finit par perdre ses repères, s’isoler et perdre confiance en elle.
Tu es témoin ou victime de violences conjugales, nous t’invitons à contacter ces différentes structures ressources :
-
En cas d’urgence, téléphone au 101 ou 112 !
-
Le numéro vert “écoute des violences conjugales” : 0800 300 30 (gratuit et anonyme, 24h/24 7J/7)
-
CVFE asbl : Collectif contre les Violences Familiales et l’Exclusion
-
CPVS : Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles à Bruxelles
-
Asbl Solidarité femmes et Refuge pour femmes battues à La Louvière
L’ASBL Praxis : service d’accueil et d’accompagnement pour auteurs de violences
Lectures
- Violentomètre adapté au relation queer, de Niena Rodrigues-Ribeiro Bonnefoy
- Violences conjugales dans les relations lesbiennes – le long cheminement des victimes, de La Converse, journalisme de dialogue basé à Montréal
- Violences conjugales: «Ma compagne m’a donné des claques, des coups », d’Adheos
- Violences conjugales : entre femmes aussi, de La déferlante
- Les écarts de déclaration de violences conjugales entre les femmes lesbiennes, bisexuelles et hétérosexuelles, de Tania Lejbowicz
- Les violences entre partenaires intimes, de l’ASBL Tels Quels
¹Violences subies par les femmes ayant des relations sexuelles avec les femmes (FSF), de CEMAG
²Les violences conjugales et familiales, de Praxis
³Le cycle de la violence conjugale, du site Ecoute Violences Conjugales
³Cycle de la violence, du site femmes de droit
³La violence conjugale est un cycle, du site Collectif contre les violences familiales et l’exclusion
³Le cycle de la violence, du site Praxis
- Guide pratique : Violences économiques et conjugales, de la Global Thinking Fundation (2019)
- Contexte de vulnérabilité : personne LGBT, de l’Institut national de santé publique du Québec
- Bleu·e de toi : Outil pédagogique sur les violences au sein des relations amoureuses. D’après une idée originale O’YES, inspiré de l’outil “Violentomètre” du Centre Hubertine Auclert (France).