Trucs et Astuces

Trucs et Astuces

Langage et environnement inclusifs

Un climat safer – autrement dit, s’efforçant d’être le plus bienveillant, respectueux et inclusif possible – commence dès la prise de rendez-vous, puis l’accueil en salle d’attente et s’étend à chaque échange et geste. Plusieurs éléments peuvent être gardés à l’esprit afin de s’assurer que chaque personne se sente accueillie dans le respect de son identité.

Le langage 

Le langage peut en lui-même être porteur d’idées, de jugements et de normativité ; son maniement conscient peut en faire un fameux outil d’inclusivité. En règle générale, il est encouragé d’essayer de ne pas s’adresser à une personne au féminin ou au masculin avant qu’elle se définisse elle-même dans la conversation, de parler de “partenaire(s)” plutôt que de demander s’iel a un copain, une copine, un mari, une femme, etc. Un langage libre de présuppositions créera un climat plus accueillant et avenant afin que la personne se sente sereine à l’idée de dévoiler son identité et de partager ses réalités. 

Dans la même idée, des questions qui peuvent paraître anodines, peuvent également receler de la normativité. Ainsi, “prenez-vous la pilule ?” induit l’idée que la/le patient·e a des rapports sexuels hétérosexuel·le ou avec des personnes à pénis, tandis que “avez-vous besoin ou désirez-vous un moyen de contraception ?” est une formulation permettant d’accuellir toutes réalités telles que l’homosexualité mais également l’asexualité ou autre.

Demander à la personne comment elle voudrait être désignée à l’oral et/ou sur les documents officiels (par quel pronom, avec quels accords grammaticaux), l’inscrire dans son dossier patient·e, lui dire qu’il ne faut pas hésiter à ce qu’elle vous corrige si vous utilisez des termes ne convenant pas, sont autant de précautions permettant d’établir un espace safer.

Il peut apparaître difficile de parler de façon inclusive spontanément. La langue étant en constante évolution, il s’agit de jouer le jeu et de s’efforcer de faire au mieux. Poser les questions, admettre ses erreurs, accepter d’être corrigé·e, se corriger et s’excuser permettront d’apprendre et au final, d’accueillir non seulement les personnes lesbiennes, bies & co de façon safer, mais également toute personne dans son identité propre.

Bien évidemment, ce qui est prôné à l’oral, l’est aussi pour l’écrit. Ainsi, nous vous encourageons à privilégier l’écriture inclusive dans vos différentes communications.

► Attention : Chaque personne a sa propre définition de la sexualité, des préliminaires, de la virginité, etc. Il est important de s’assurer que vous parlez “le même langage” et de définir les termes au besoin.

Quelques exemples :

À éviter  Privilégier
Madame / Monsieur Quel est votre prénom et votre/vos pronoms d’usage ?

Observez quels pronoms la personne utilise pour parler d’elle, ainsi que les accords utilisés.

Copain/copine

Mari/femme

Êtes-vous sexuellement actif·ve ?

Avez vous un, une ou plusieurs  

partenaires ?

Vivez-vous ensemble ?

Prenez-vous la pilule ?  Utilisez-vous un moyen de contraception ? En avez-vous besoin ou en désirez-vous un ? 

Avez-vous et/ou projetez-vous d’avoir des enfants ? 

Qui est la vraie mère / le vrai père ?  Qui a porté l’enfant ?

Qui a donné l’ovocyte ?

Êtes-vous passé·e par une procédure de procréation médicalement assistée (PMA) ?

Le jour où vous aurez des enfants… Avez-vous et/ou projetez-vous d’avoir un ou des enfants ?

Pour aller plus loin, vous pouvez vous rediriger vers l’onglet Ressources.

L’environnement

Vos différents lieux ou ceux de votre structure, qu’ils soient virtuels (site internet, réseaux sociaux) ou physique (salle d’attente, cabinet), peuvent déjà témoigner d’une certaine ouverture. Afficher des contenus LGBTQIA+ (brochures, affiches, drapeaux, etc.) ou concernant d’autres publics minoritaires, indique publiquement que vous prônez l’accueil et l’information de ces communautés, premier pas vers un sentiment de confiance voire de sécurité.

Pour amener la démarche plus loin, les structures faisant de la promotion de la santé peuvent également saisir cette opportunité pour s’adresser particulièrement lors d’évènements ou d’affichages aux communautés lesbiennes, bies & co, ou à d’autres publics minoritaires. Sensibilisation, information, rencontre, événement en non-mixité choisie, etc. sont autant d’outils favorisant la santé de façon holistique.

Enfin, si vous avez suivi une ou des formation(s) concernant les publics LGBTQIA+, vous pouvez également l’indiquer sur vos profils en ligne ou dans votre cabinet. Être formé·e n’est pas une garantie d’être friendly ou safer, mais l’information peut toujours être un premier indicateur intéressant pour les personnes concernées.

Quelques exemples :

  • Afficher des contenus LGBTQIA+ (affiches, brochures, flyers) sur les réseaux sociaux, sites, et dans les salles d’attente, cabinets ;
  • Afficher (en étant renseigné·e) des symboles et messages engagés tels que le drapeau LGBTQIA+, “LGBTQIA+ friendly”, “non à l’homophobie, à la biphobie, à la transphobie, à l’enbyphobie…” (+ “non au racisme, à la grossophobie, au validisme, à l’âgisme…”) ;
  • Faire des affichages pour le mois des fiertés, pour la Pride, les journées internationales de visibilité ;
  • Prévoir des évènements en non-mixité choisie (marche, relaxation, cercle de parole pour les personnes de tel(s) public(s) minoritaire(s)…) ;
  • Il est également possible de demander à un·e nouveau/nouvelle patient·e comment iel a eu vos coordonnées. Mentionner Go To Gyneco! lui permettrait de faire un coming out indirect.

Le consentement dans les soins de santé

La question du consentement dans les soins de santé se pose lors de chaque rencontre médicale. Comme en attestent les messages reçus par Go To Gyneco!, beaucoup de patient·es ressentent des craintes concernant le respect de leurs envies et besoins durant une consultation. 

Les caractéristiques de l’acronyme “REELS” évoquées pour le consentement dans les relations intimes peuvent s’appliquer ici aussi. Un consentement réel, valide, dans les soins de santé est donc :

  • Réversible : la/le patient·e peut demander d’interrompre un soin ou la consultation s’iel en ressent le besoin ;
  • Éclairé : la/le patient·e doit avoir reçu et compris les différentes informations nécessaires pour donner un accord en connaissance de cause ;
  • Enthousiaste : si la/le patient·e n’est pas à l’aise, iel aura peut-être besoin ou envie d’aménagements pour se sentir mieux (voir les exemples ci-dessous) ;
  • Libre : la/le patient·e reste maître·sse des décisions concernant son corps et sa santé. Il n’est donc pas question de culpabiliser la personne si elle ne s’est pas protégée, mais plutôt de l’informer des différentes possibilités existantes par exemple ;
  • Spécifique : le consentement concerne toujours un point précis. Accepter un examen ne signifie pas en accepter un autre. Il doit donc être renouvelé pour chaque acte.

En plus de respecter le “non” du ou de la patient·e, de répondre à ses questions et d’écouter ses craintes, différentes habitudes peuvent rassurer et instaurer un climat bienveillant durant la rencontre médicale telles que : 

  • Demander quel niveau de communication la personne préfère (ex : prévenir et demander l’accord à chaque étape d’un examen ou ne pas donner d’explication pendant). Si ça n’a pas été abordé au préalable, demander l’accord à chaque étape par précaution ;
  • Donner des explications quant à l’intérêt d’aborder tel sujet ou de poser tel acte ;
  • Demander l’accord pour parler de tel sujet ou de recevoir tel acte le jour-même et laisser le choix de ne pas le faire ou de prévoir un autre rendez-vous pour le faire ;
  • Proposer différentes alternatives (exemple : pour un examen gynécologique, ne pas uniquement demander à la personne de se déshabiller, mais prévenir à l’avance que des culottes gynécologiques existent et peuvent être portées pendant l’examen ou proposer du papier kraft pour que la personne s’en fasse une jupette) ;
  • Garantir l’intimité (ex : zone pour se déshabiller à l’abri du regard), le confort (ex : chauffer le spéculum) et le bien-être (ex : accepter un·e accompagnateur·trice, proposer d’écouter de la musique dans les écouteurs pendant un examen…) ;
  • Rester attentif·ve aux signes de malaise et/ou de douleur, demander si la personne veut continuer ou préfère arrêter ;

Chaque patient·e aura des envies et des besoins qui lui sont propres. De nombreux témoignages évoquent une rupture dans le parcours de soin par manque de confiance envers les soignant·es, parfois à la suite d’un mauvais échange voire d’une consultation traumatisante. Assurer le respect du consentement lors des soins de santé est primordial pour garantir un suivi médical de qualité dans la durée.

Pour aller plus loin, veuillez vous rediriger vers l’onglet Ressources.

Cerner le passé et le présent avec les 5P

Conseils pour parler des sexualités

Les personnes lesbiennes, bies & co ont l’habitude de recevoir des questions déplacées en ce qui concerne leur sexualité. Il est donc important de poser un cadre bienveillant et d’expliquer pourquoi vous posez certaines questions. Il ne s’agit pas de curiosité mal placée, mais d’informations nécessaires pour une prise en charge globale et spécifique de la personne. De plus, cela permet de normaliser l’anamnèse sexuelle.

Par ailleurs, il est préférable de questionner la nécessité des informations pour un bon suivi. Demander si la personne a différent·es partenaires sexuel·les régulier·es suffit, par exemple, à établir un plan de dépistage. Le nombre, la régularité, le schéma relationnel sont des informations non-obligatoires. Si votre patient·e reste privé·e sur certains sujets, il est préférable de cibler ses questions sur les informations clefs plutôt que de dresser un état des lieux précis de son vécu. 

Afin de favoriser un suivi régulier, n’hésitez pas à valoriser la démarche actuelle de votre patient·e sans porter de jugement sur l’absence ou l’irrégularité du suivi par le passé. Les témoignages recueillis indiquent que c’est apprécié, d’autant plus que beaucoup évoquent déjà un sentiment de honte ou de peur à ce sujet.

Pour aborder la santé sexuelle, nous proposons une phrase, co-construite suite aux résultats du questionnaire d’évaluation de 2022 et avec l’équipe de volontaires de Go To Gyneco! Elle permet de faire un état des lieux de la sexualité de vos patient·es et potentiellement leur permettre de faire leur coming out :

“J’aimerais vous poser quelques questions à propos de votre santé sexuelle. Ce sont des questions personnelles mais importantes que je pose à tous·tes mes patient·es. Êtes-vous d’accord pour que nous abordions ce sujet ? Il n’y a pas d’obligation de réponse. Par ailleurs, n’hésitez pas à me corriger si j’utilise des termes qui ne correspondent pas à votre situation.”
Phrase co-construite suite aux résultats du questionnaire d’évaluation de 2022 et avec l’équipe de volontaires

Les 5P est également un petit moyen mnémotechnique pour réaliser l’anamnèse de vos patient·es en termes de santé sexuelle.

Exemple de questions : 

  • Partenaires
    • Est-ce que vous avez un, une, des partenaire(s) ? Que pouvez-vous me dire de votre/vos partenaire(s) actuel·le(s) ? Êtes-vous dans une relation exclusive, couple libre, ouvert, etc.?
  • Pratiques
    • Est-ce que vous souhaitez un dépistage ? Selon les pratiques, tel ou tel dépistage est nécessaire. → Utiliser les tableaux : Transmission et dépistages
  • Prévention des IST
    • Connaissez-vous les différents moyens de protection existants ? Savez-vous où les trouver ? Quelles méthodes de réduction des risques connaissez-vous ?
    • Est-ce que vous avez effectué un dépistage récemment ? Est-ce que vous savez combien de temps il faut attendre après un rapport à risque pour se faire dépister ?
    • Est-ce que vous savez comment se transmettent les IST ? 
  • Passé avec les IST
    • Dans votre passé, avez-vous déjà eu des IST ? Si oui, lesquelles ? Ont-elles bien été traitées ?
  • Prévention de grossesse
    • Avez-vous besoin ou désirez-vous un moyen de contraception ? 

Des connaissances spécifiques en matière d’IST et de réduction des risques

Le suivi gynécologique est un cadre idéal pour la prévention et le dépistage. Toutefois, pour que ce cadre soit idéal, il est important que les personnes lesbiennes, bies & co soient considérées avec attention et sans préjugés de la part de leurs médecins. Il arrive encore que ces personnes soient exclues des dépistages par manque d’information. Chaque personne, peu importe son profil, doit être conseillée de manière très précise sur les IST – les personnes lesbiennes, bies & co nécessitant des conseils appropriés et adaptés sur la manière de réduire les risques de transmissions lors de leurs rapports sexuels.

Ces questions des risques de transmission des IST et de la prévention doivent être plus souvent abordées par les professionnel·les de la santé. De plus, les outils de prévention tels que les carrés de latex, les gants, les doigtiers en latex et les préservatifs doivent être mieux connus des gynécologues et des généralistes. Nos expériences via les stands de prévention Go To Gyneco! nous démontrent encore que ces outils sont toujours peu connus et/ou utilisés par les communautés. L’appui des professionnel·les à cette démarche d’information et de sensibilisation est crucial pour améliorer la réduction des risques au sein des communautés lesbiennes, bies & co.

Pour plus d’informations sur les IST, veuillez vous référer à l’onglet IST.